le pilulier

Chaque début de semaine, j’ai une mission de la plus haute importance à remplir et comme j’ai accepté de le faire, je suis bien obligé de la mener à son terme. Parce que mon bien-être, non, que dis-je, ma santé en dépend. Chaque dimanche soir (en théorie car depuis quelques temps, j’ai débordé et décalé et je le fais le mercredi soir), je dois remplir mes deux piluliers pour la quinzaine à venir. Un pilulier pour une semaine et un pour la suivante. Et dedans, j’y mets mon seul médicament et tous les compléments alimentaires que m’ont ordonné mon généraliste et mon naturopathe qui est également mon homéopathe mais pour les granules, je n’ai pas besoin de pilulier, non, c’est totalement inutile. Pour tout ça, il me faut juste un peu d’organisation et voilà, il suffit de s’y mettre.

Alors, les lundis, mercredis et vendredis matins, je dois prendre les pilules bleues, le Viagra, pas celui qu’on prend juste avant de tirer un coup mais celui qu’on prend de façon préventive. Et les mardis, jeudis et samedis, je prends une gélule rouge contre le priapisme. Le dimanche, on ne m’a rien ordonné pour tout ce qui touche au sexe. Ensuite, le matin et le soir, je dois prendre deux  pilules un peu beiges pour… pour quoi, déjà ? Ou contre quoi, plutôt ? Mince, je ne m’en souviens plus. Je vais encore devoir sortir la notice pour la relire. Ça doit faire au moins 100 fois… Ah oui, c’est contre les trous de mémoire. J’avais oublié. C’est idiot mais j’avais oublié ça aussi. Bon, ça, c’est fait. Non, je l’ai fait ou il faut que je le fasse ? D’ailleurs, je les ai prises, ce matin, les pilules beiges ? Je ne sais plus…

Chaque midi, je dois prendre une pilule contre mes tremblements essentiels. Mais le plus dur, pour moi, c’est de mettre la petite pilule, vraiment petite dans la case car je tremble tellement, que très souvent, je la mets dans celle d’à-côté ou alors, carrément par terre et là, je dois me mettre à quatre pattes pour la ramasser et très souvent, je ne peux plus me relever. Et quand enfin, j’y parviens, je ne sais plus pourquoi j’étais par terre. Ah tiens, j’ai oublié mon traitement qui sert de pilule du lendemain. Quel jour faut-il que je la prenne, cette pilule-là ? Si c’est le lendemain, a priori, c’est facile mais le lendemain de quel jour ? Il va falloir que j’appelle mon docteur mais il ne faudrait pas que ça soit le lendemain, que je l’appelle, si non, je vais la rater, cette pilule. C’est du boulot, hein ?