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13 mai 2020

maman, les petits bateaux… (billet déconfiné)

Maman, les petits bateaux qui vont sur l’eau, ont-ils des jambes ? Mais oui, mon gros bêta, s’ils n’en avaient pas, ils n’avanceraient pas…

Avec toute cette eau qui est tombée, qui tombe et qui va tomber sur Bordeaux (et ailleurs aussi, je sais mais là, je parle de ce qui m’importe, de ce qui me concerne directement), comme ça ne me permettait pas de sortir comme j’aurais pu le vouloir si j’avais été comme tout le monde, j’ai failli m’ennuyer mais heureusement, je ne connais pas l’enquiquinement. Moi vivant, je ne me languirai jamais en pleurnichant : je ne sais pas quoi faire ! Bref, au risque de tomber dans une espèce de désœuvrement maussade et involontaire, je me suis pris en mains et j’ai attrapé le premier papier qui était à portée de mes doigts : mon dernier relevé bancaire. Et je l’ai plié comme dans mes souvenirs d’enfant, pour en faire un bateau, petite embarcation légère voire fragile. Et je l’ai posé par terre sur les dalles de la terrasse et je me suis installé sur le canapé et j’ai regardé mon petit voilier faire face à une grande marée de pluies diverses. Très vite, il a pris l’eau et il s’est ramolli, hélas.

Fais comme si j'avais pris la mer, j'ai sorti la grand-voile et j'ai glissé sous le vent… Fais comme si je quittais la terre, j'ai trouvé mon étoile, je l'ai suivie un instant…

Et là, soudain, alors que nous n’étions en alerte rouge que pour les précipitations (un peu hâtive, l’alerte puisqu’elle ne parlait que de précipitations !), j’ai vu les premières bourrasques de vent s’animer et mon petit bateau léger, pourtant tout alourdi de tant d’abats d’eau sur sa frêle coque de papier, a commencé de frémir, de remuer ce qu’il pouvait comme il pouvait et après deux ou trois tentatives a réussi à s’envoler. De la chrysalide d’un petit bateau en papier était né un papillon d’avion tout aussi en papier. Et il a virevolté et moi, je l’ai suivi des yeux et il a continué sa course folle dans des vents souvent contraires et il est allé de plus en plus haut et il a même fini par passer par-dessus le parapet de la terrasse et là, comme je ne voulais pas me faire mouiller, j’ai abdiqué et je l’ai laissé disparaître. De toute façon, même si je l’avais voulu, je n’aurais jamais eu le temps de me couvrir et de me chausser pour aller lui faire un dernier signe de la main, lui dire un dernier au-revoir.

Je te donnerai tous les bateaux, tous les oiseaux, tous les soleils, toutes les roses, toutes les choses qui t'émerveillent…

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Commentaires
M
Tu n’as pas pris le bon papier, les relevés bancaires des 2 derniers mois n’ont pas assez d’opérations , trop léger
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