je ne pourrai jamais être élu

Je viens de réaliser que je ne pourrai jamais être élu. À aucun scrutin. Quel qu’il soit : municipal, départemental, régional, législatif ni même présidentiel. Je suis condamné à n’être qu’un citoyen lambda, je ne pourrai jamais être décisionnaire parce qu’on m’en aurait donné le pouvoir. Je ne pourrai jamais influencer qui que ce soit pour quoi que ce soit. Je n’aurai jamais voix officielle au chapitre. C’est ainsi. Non pas que j’aie eu des prétentions pour être envoyé à un siège républicain.

Mais quand même, j’aurais pu en avoir, des prétentions car franchement, pourquoi pas moi ? Pourquoi n’aurais-je pas pu envisager de me retrouver au conseil municipal de Bordeaux Maritime, le quartier dans lequel j’habite, pour commencer ? Après tout, 60 ans, ce n’est pas vieux pour entamer une carrière politique. Et dans six ans, j’aurais pu vouloir intégrer un poste plus haut placé. Et ainsi de suite. Et me présenter à la présidence de la République dans 24 ans, par exemple. Pourquoi pas ?

Et pourquoi ? Parce que quand on demande pourquoi pas, on a aussi tout à fait le droit de me demander et pourquoi ? Non pas pourquoi je me présenterais mais pourquoi je ne peux désormais plus jamais envisager de le faire ? Moi, je sais très bien pourquoi. Vous, qui me lisez, proches ou moins proches, vous ne pouvez pas le savoir. Vous ne pouvez rien savoir. Hormis peut-être Mymy qui pourrait en avoir une vague idée. Encore faudrait-il qu’elle l’ait derrière la tête à cet instant précis.

Quand je vois ce qui vient d’arriver à Benjamin Griveaux, obligé de renoncer à sa candidature à la mairie de Paris car un gros abruti de russe, réfugié politique en France, avec une tête de facho, a diffusé des vidéos et des enregistrements  sonores à caractère pornographique de Griveaux. Bon, concernant le candidat, j’ai envie de dire : et alors ? Et alors ? Eh bien on a la réponse. C’est la merde. Et pas seulement pour celui qui est la victime de Piotr Pavlenski. Non, pour moi aussi, par ricochet.

Attention, qu’on ne se méprenne pas, je ne fais pas partie de la vidéo incriminée. Mais moi aussi, en d’autres temps et d’autres lieux, j’ai pu, sans le faire exprès, poser pour des photos un peu osées ou me laisser filmer en plein ébat, à mon insu, évidemment. Mais jamais de façon consciente. Et donc, ce que je n’aimerais pas, c’est que certains publient tout ou partie de ces enregistrements privés. Alors, ma foi, tant pis, je sais que dorénavant, je ne pourrai plus être élu. Plus jamais. Jamais, jamais.