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1 juin 2019

journal rétrospectif retour (1/1)

Mercredi 29 mai.

10h20. S’installer dans le wagon, à la place qu’on a réservé, ça relève de l’exploit, aujourd’hui. On a même droit à une trottinette, celle d’un ado probablement hollandais qui est avec sa mère et sa petite sœur et plein de valises et de sacs.       Le wagon est d’apparence luxueuse mais je le trouve vieillot et limite oppressant. Les couleurs sont sombres. Je suis en rez-de-rails. Sans possibilité de rejoindre celui derrière moi sans passer par l’étage. Et je suis assis à la dernière place, avec un mur derrière. Je me sens acculé. Idem pour les deux personnes qui sont côte à côte, sur ma gauche. Moi, je suis seul. Nous sommes trois acculés. C’est déjà le début d’une bande d’acculés.       Le départ est prévu à l’heure. À 10h24.       Démarrera-t-on à l’heure ?       Arrivera-t-on à l’heure ?       Raton laveur ?

10h24. Pétantes. Et trébuchantes. Le train démarre. Just in time. Et sous le soleil, s’il vous plaît.

10h25. La vieille dame, peut-être indigne, assise en face de moi, lit un bouquin en anglais mais elle est française car elle a un journal quotidien de chez nous et elle est maigre. Et grande. Et elle aussi, je pense qu’elle aura les pieds qui vont dépasser. J’espère qu’elle a prévu ce qu’il faut pour son futur cercueil. Car elle est vraiment très vieille. Ou alors, très abîmée par la vie.

10h50. J’ai lu un peu. Je n’ai pas mal à la tête mais c’est tout comme. En réalité, je crois que je suis fatigué. Parce que j’ai un peu abusé pendant deux jours. Je ne sais pas me tenir.

13h07. J’ai lu, encore un peu. J’ai dormi. Peut-être un peu plus. Quoique… J’ai surtout somnolé. Peut-être pour oublier. Pour oublier quoi ? Désolé, j’ai oublié. Ça prouve que ça a marché ? La vieille dame a disparu. Soit elle est descendue à Poitiers, soit à Angoulême, soit elle est morte. J’espère que ses pieds ne vont pas dépasser de son cercueil. Nous ne sommes plus très nombreux dans le wagon. Ça sent la fin. Mais pas le sapin.       Ah non, elle n’est pas morte, elle est juste allée s’asseoir à un endroit où il y avait deux places côte-à-côte, dans le sens de la marche.

13h24. On arrive à l’heure. C’est promis, juré, craché. Je veux bien le croire. J’ai déjà aperçu la Cité du Vin et le pont Chaban-Delmas, tout à l’heure et là, nous venons de franchir la Garonne.

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