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7 décembre 2018

la couronne de fleurs blanches avec des piments rouges

Elle m’a demandé ce qu’étaient devenues les fleurs. Lesquelles ? Lui ai-je aussitôt répliqué. Celles de mon enterrement, pardi ! Oh, mais ça fait vachement longtemps que tu n’as pas dit « pardi ! » mais non, je ne sais pas te répondre, je ne sais pas ce que sont devenues les fleurs. Je ne me souviens même pas en avoir vu, ici. En tout cas, pas depuis un bon moment. Je n’ai pas rêvé, pourtant, m’a-t-elle alors dit, sur un ton limite exaspéré. Ne t’en fais pas, des fleurs, ça se retrouve facilement. On va aller en acheter d’autres et tu verras, comme elles seront nouvelles, elles dureront plus longtemps que celles que tu cherches partout. Si elles existent. Parce que moi, je te jure que je ne les ai pas vues. Ou alors, je deviens bigleux.

Non, ce n’est pas la même chose. Là, c’étaient les fleurs de mon enterrement, je les avais choisies avec soin. Parce qu’une occasion comme celle-ci, ça mérite des fleurs bien sélectionnées. Elles sont prévues de durer pour au moins une éternité. Celles que tu vas aller acheter, je suis sûr que dans deux jours, elles seront fanées. Elles seront bonnes à jeter. Mais alors, dis-moi, comment étaient-elles les fleurs de ton enterrement ? C’étaient des fleurs blanches, installées en couronne, avec de la verdure et quelques piments rouges, par-ci, par-là, pour donner une touche qui pouvait faire penser à des gouttes de sang. Comme si la couronne avait été blessée. Piquée par des épines. Peut-être même par des épines divines.

Non, je te jure que je ne les ai pas vues, les fleurs de ton enterrement. Mais, si je puis me permettre, pourquoi tu avais déjà une couronne mortuaire ? Ça te sert à quoi ? C’est pour mettre sur ma tombe. À côté de mon nom et de ma photo. Pour donner un peu de gaité à cette solitude grise et terne qui m’attend, dessous. Dessous quoi ? Sous le marbre. Mais enfin, tu n’es pas encore morte, à ce que je sache !? Non, je sais, mais il ne faut jurer de rien, si ça se trouve, dans dix minutes, je peux rendre l’âme. Oui, d’accord, mais bon, quand même, non ? Et moi, je n’aime pas être prise au dépourvu et j’aime que les choses soient faites comme j’en ai envie. Bon, je vais t’aider à la chercher, ta couronne de fleurs, alors. Si ça peut te rassurer.

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