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1 juillet 2018

vingt ans après, il n’y a plus de slip léopard

Vingt ans après. C’est le titre d’un roman d’Alexandre Dumas, le père, autrement appelé Alexandre Dumas père, parce que les choses sont vachement bien faites, même à l’époque où personne n’était connecté. A contrario, Alexandre Dumas, le fils, n’est pas autrement nommé Alexandre Dumas fils. Un peu comme si le fait que son père soit appelé père impliquait qu’on n’ait pas besoin de préciser fils pour son fils. En même temps (salut, Manu !), c’est un peu tant mieux car sinon, si on avait continué de les appeler par leur niveau de descendance, on aurait eu Alexandre Dumas petit-fils, Alexandre Dumas arrière-petit-fils, Alexandre Dumas arrière-arrière-petit fils et peut-être, un jour Alexandre Dumas le dernier (des Mohicans ?) parce que celui-ci, comme il aurait été homo, il n’aurait pas eu d’enfant. Ouf, merci à lui, il nous a fait échapper au pire.

Vingt ans après, c’est en gros, le moment de nos retrouvailles récentes avec Marianne, une ancienne collègue de quand j’étais dans l’espionnage (au sein de la Chtaib) et que j’ai perdu mon poste après n’avoir pas mené à bien une enquête pour sauver Paulette Packard des mains de l’ennemi Raznet. J’avoue que je ne peux pas dire que j’ai pensé à elle chaque jour de ma vie depuis que je me suis officiellement retiré dans le mareyage (je ne peux pas dévoiler mon véritable métier ici, ce serait trop dangereux, une question de vie et de mort) mais parfois, oui, j’ai vaguement eu l’envie fugace de me rappeler à son souvenir mais la flemme, le manque de temps, une certaine pudeur, la peur de mettre sa vie en danger et d’autres préoccupations ont fait que j’aurai mis près de vingt ans avant de me décider de faire le premier pas. C’est toujours celui-ci qui compte. 

Ce qui est amusant, c’est que j’ai reconnu sa voix tout de suite, au téléphone. Et ça m’a fait un peu comme une cure de jouvence. Un retour en arrière, à une époque où nous n’avions pas de téléphone portable, pas de PC chez soi, pas de blog pour s’exprimer, pas de réseaux asociaux pour croire qu’on est vivant et pas de cette culture du nombrilisme dont je suis membre, je le reconnais humblement mais sinon, j’aurais continué d’écrire dans des carnets, encore et encore et toujours et même encore et peut-être même encore un peu encore. C’est juste une question de support. Et de lecteurs. À l’époque, je n’en avais aucun puisque je n’écrivais quasiment que pour moi et maintenant, j’en ai largement moins que les doigts de mes deux mains. Je parle des réguliers. Mais je m’en fous, à vrai dire. Je sais que quand je partirai définitivement, on reconnaîtra alors que j’avais un certain talent. Mieux vaut ça de façon posthume que jamais.

Bref (je suis en verve, depuis quelques jours, non ? Je me trompe où j’écris des billets plus longs que ces derniers temps ?), nous avons parlé pendant environ une heure, trois minutes et quatorze secondes comme si nous avions plein de choses à nous dire. Et des souvenirs dont il fallait se rappeler. J’avoue en avoir oublié une bonne palanquée. J’ai plein de flous dans la tête pour toute cette époque-là, qui a duré quand même 19 ans, pour moi. Et donc, et patati, et patata et tu ne dois pas le savoir mais je vais te le dire et tu vois toujours untel et oh moi, ça va, tu sais, ça n’a pas toujours été facile là-bas et je me souviens des parties de Scrabble où tu étais redoutable, entre midi et deux et patin et couffin. Mais ce qui m’a le plus surpris, alors que je croyais que nous n’étions pas particulièrement intimes, il semblerait que si, quand même, un peu.

Marianne se souvient que je lui ai montré une photo dénudée de moi. Pardon, c’est moi qui étais dénudé, pas la photo. Et quand elle m’a confié ça, au téléphone, j’ai été à deux doigts de rougir. Si je n’avais pas eu l’âge que j’ai, j’aurais vraiment rougi. Tu es sûre ? Oui. Je la revois encore parfaitement : tu portes un slip léopard, des boots en cuir et tu es lascivement allongé de profil sur une table. Non, mais comment le sait-elle ? Comment ai-je pu lui montrer cette photo très personnelle ? Dis-moi, Marianne, rassure-moi, on n’a pas couché ensemble, hein ? Parce que là, si ma mémoire me joue des tours à ce niveau-là, ça craint un peu, non ? Parce que, en plus, moi, je n’ai jamais couché, à mon travail. À la rigueur, debout entre deux portes, pourquoi pas ? Ou sur une table de salle de réunion, quand tout le monde est parti mais je n’ai jamais couché. En tout cas, ça m’a fait plaisir de la retrouver, Marianne même si je crains qu’elle ne soit déçue le jour où nous nous reverrons en vrai. Je ne l’ai plus, le slip léopard. Tu parles, vingt ans après…

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Commentaires
M
J ai vu Marianne , elle a lu ce joli texte ! Entre rire et émotion, je crois qu elle a beaucoup aimé, j ai meme cru voir un peu d eau dans ses yeux<br /> <br /> Elle confirme que vous n avez pas couché ensemble 😂 <br /> <br /> Elle dit aussi que Marianne etait jolie et que le temps n arrange pas bon plus la taille de ses culottes 😂😂😂<br /> <br /> Biz
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