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30 juin 2018

intouchables ?

Ça fait deux fois que je suis amené à pousser le fauteuil roulant de Claude, la première fois, je l’ai fait spontanément et hier, pour la seconde, c’est le patron qui m’a demandé si je voulais bien venir car il a un problème de cruralgie et donc, pousser Claude, ce n’est pas ce qu’il y a de plus conseillé dans son état. D’ailleurs, Claude, a même très bien réagi, pour une fois car il a dit, avec une certaine lucidité : « Faut pas pousser, non plus ! » Justement, hein ? Et donc, me voilà en train de monter jusqu’aux Quinconces, que des rues en pente mais pas dans le sens du poil. Je comprends combien c’est fatigant de faire ça, surtout quand il fait gros chaud. Mais bon, j’ai dit oui, j’ai fait et ça s’est bien passé.

Pendant le rendez-vous de Claude chez l’orthophoniste, je me suis demandé ce que j’allais faire. Plutôt que rester dans cette salle d’attente en forme de couloir, assez peu ventilée, je me suis dit que je serai malgré tout mieux dehors. Avec un peu de chance, je trouverai bien des endroits un peu ombragés. Et allez donc savoir pourquoi, j’ai pris le fauteuil roulant avec moi. Je l’ai poussé vide. Non pas bêtement, loin de là, mais tout simplement. Et en marchant, je me suis dit que je pourrais proposer à quelqu’un de fatigué de le faire asseoir et de le raccompagner chez lui. Une sorte de fauteuil roulant-taxi. Ou de fauteuil roulant-tuk-tuk. Et tout en avançant, d’un pas certain, je tentais de croiser le regard de certains passants…

Rien n’y a fait, personne n’a semblé vouloir monter dans mon véhicule à deux mains. Peut-être aurais-je dû prévoir d’y ajouter une pancarte publicitaire : fauteuil-roulant-taxi gratuit. Mais bon, on ne peut pas forcer les gens, hein ? N’est-ce pas, monsieur Mélenchon, les gens, comme vous dites… Tiens, à propos, hier, à la conférence de presse, j’ai oublié de dire que quand je cite Marine Le Pen, Nicolas Sarkozy et/ou Nicolas Dupont-Aignan, ce sont les vrais dont je parle, ce ne sont pas des personnages inventés. Je n’aurai jamais le talent nécessaire pour créer des personnages aussi… Aussi peu… Enfin, autant… Enfin, vous me comprenez, non ? Je ne vais pas vous faire un dessin, quand même ? Si ?

Bon, passons, ce n’est pas le sujet du jour. Le sujet du jour, c’est hier. Comme j’étais en train de faire chou blanc avec mon fauteuil roulant en libre-service, j’ai eu une idée que moi, je trouve géniale, c’est d’obliger quelqu’un à s’asseoir dedans. Et quand j’ai aperçu un vieux monsieur en train de marcher un peu péniblement, à cause de la chaleur et de ses jambes réunies, je me suis approché de lui et je lui ai dit de se laisser faire, que tout allait bien se passer et que je ne lui voulais aucun mal. De toute façon, je ne lui ai pas dit, mais il n’était pas du tout mon genre. Alors, hein… Et hop, ni une, ni deux, en voiture Simon. Oui, parce qu’il a quand même eu le temps de me dire qu’il s’appelait Simon, quand je lui ai demandé son prénom.

Et là, je l’ai baladé au gré de mes fantaisies mais je crois que j’ai roulé un peu vite, avec le cagnard, ça a dû lui tourner la tête, surtout quand j’ai fait des huit sur les quais, en plein soleil, et à un moment, je l’ai vu la tête penchée sur la poitrine, je me suis arrêté et j’ai vu qu’il avait les yeux fermés. Merde, j’ai cru qu’il était mort mais non, il semblait respirer. Avec peine, mais il respirait. Comme nous n’étions pas loin du miroir d’eau, je m’y suis précipité et je l’ai mis au milieu des enfants qui pataugeaient et qui l’ont éclaboussé comme ce n’est pas permis. Alors, il a relevé la tête. Il avait l’air un peu sonné, le Simon. Un peu sonné, très mouillé mais surtout en meilleur état que tout à l’heure. Et là, je lui ai dit, je vous ramène.

Je l’ai ramené là où je l’avais trouvé, cours de l’Intendance et ma foi, il a repris sa marche lente, mais il avait moins chaud, c’est déjà ça. Et je suis retourné chez l’orthophoniste d’où Claude n’allait pas tarder à sortir. Et quand il a vu le fauteuil encore un peu humide, il m’a demandé ce qui s’était passé. Je lui ai dit « Oh, juste un orage minute. À peine le temps de m’abriter. Mais tu verras, ça va te rafraîchir parce qu’il fait vraiment chaud.» Et en le poussant pour rentrer chez lui, je me suis imaginé la prochaine fois qu’il aurait rendez-vous ici. Avec un peu de chance, c’est moi qui vais l’amener. Je m’en réjouis à l’avance. Et cette fois, je pense que je tenterai des trucs encore plus fous. Après tout, pourquoi pas, hein ?

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