Tout à l’heure, je vais aider le patron pour aller chercher les chiens. Seul, il pourrait les tenir tous les deux en laisse mais c’est plus agréable quand on est deux. D’autant que la petite Kali, ce véritable mâle manqué, elle tire, elle tire, elle tire et pas que l’aiguille, ma fille, non, elle tire comme si elle était attirée par un aimant. Et moi, derrière, je cavale. Et ça fait sourire les badauds et les passants qui passent, quand ils voient un mec avec des cheveux blancs se faire mener par le bout du nez pas un petit bout de poils aussi tonique. Il faut dire qu’elle a moins de 3 ans, Kali. Comparée à moi, c’est une vraie jeunesse. En tout cas, je l’adore, c’est ma chouchoute. Si je devais moi-même avoir un chien, ça serait elle. Mais en version mâle, si je pouvais. Ne me demandez pas pourquoi, c’est ainsi.

Et puis, il y a Chouka. Le dernier arrivé, en fin d’année dernière. Ça y est, maintenant, il a bel et bien trouvé ses marques, lui, mais il est nettement plus tranquille que sa grande demi-sœur de croquettes. Il est même très chienchien à ses pépères.  Du moins, quand c’est l’heure H de la promenade P. Il ne tire pas. Il court avec Kali quand on les lâche mais sinon, il marche au rythme de celui qui le tient en laisse. Et quand il gambade et quand il galope, il y a une patte arrière qui est souvent levée, qui ne touche pas terre à chaque fois. Comme quelqu’un de très snob qui aurait toujours le petit doigt levé. C’est son côté précieux. Lui, il a beau être un mâle avec tout ce qu’il faut, il a un tempérament féminin, je trouve. C’est lui, la femelle manquée du duo. Mais il est sympa, on dirait une peluche.

Le gros défaut de Chouka : il est jaloux et il a tendance à mordiller pas mal. Et moi, je n’aime ni l’un, ni l’autre. Je sais, ça fait deux défauts alors que je n’en avais annoncé qu’un seul mais c’est comme ça, avec moi. Et pour en revenir à nos deux amis à quatre pattes, à nos huit pattes, donc, tout à l’heure, je vais aller chez le patron et nous irons les chercher, les deux animaux. Ils auront passé la journée chez le toiletteur. Ils vont ressembler à deux petits rats qui n’auront rien à voir avec ceux de l’opéra. Et nous rentrerons tous les quatre, tranquillement, par les rues de la ville et Kali tirera, moi, je courrai derrière elle et Chouka marchera son petit bonhomme de chemin. Et pour eux, ça sera une ballade qui sortira de la routine avec des rues (et donc des odeurs) nouvelles, entre autres. Et moi, j’aurai fait une bonne promenade aussi. Avec le patron. Et avec ChouKali.

ChouKali