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16 décembre 2016

je ferais mieux de rentrer chez moi, voyez-vous, docteur ?

Vous voyez, docteur, je ferais mieux de rentrer chez moi car je me demande vraiment ce que je fais là, aujourd’hui. Je n’avais pas envie de venir. J’étais trop fatigué. Je suis trop fatigué. Je n’ai pas envie de parler. Je n’ai rien à vous dire. Rien depuis la dernière fois que nous nous sommes vus. Alors, franchement, je ne vois pas pourquoi je reste là, assis devant vous. Bêtement. Oui, bêtement, il n’y a pas d’autre mot. En tout cas pas qui me vienne à l’esprit, là.

De toute façon, votre système de faire payer des séances d’avance et de ne pas la rembourser si on en annule une, finalement, ça n’est pas très cool. J’allais dire que ça n’était pas honnête mais je ne me permettrais pas de le dire. Juste de le penser. Et même de le penser très fort. Parce que vraiment, je n’en ai pas raté une seule depuis des semaines, alors, un petit geste de votre part, à une semaine de Noël, ça n’aurait pas été de trop.

Je sais que je vous ai déjà dit que je n’aimais pas Noël et que je ne le fêtais pas mais ça n’est pas une raison. Vous pourriez avoir une attitude un peu chrétienne, aussi, vous. Pour une fois. Je sais aussi que je ne suis ni pratiquant, ni croyant, donc le mot « chrétien », dans ma bouche, ce n’est pas le plus adéquat. Pour aucune situation. De toute façon, vous avez toujours raison, que voulez-vous que je vous dise ? Moi, quoi que je pense, quoi que je dise, j’ai tort.

Non, ne me parlez pas d’un complexe d’infériorité ni de persécution, je suis bien au-dessus de ça. Et quand même, ça n’est pas parce que j’ai vraiment toujours tort que je souffre d’être incompris au point de vous consulter. Et puis, je vais vous dire une chose malgré le fait que je n’ai rien à vous dire, aujourd’hui : j’ai très mal à la tête, alors, vous comprenez… Vous comprenez mon côté féminin quand je vous dis que « pas aujourd’hui, j’ai la migraine » ?

J’aurais été bien mieux sur mon canapé, sans compte à rendre. À personne. Sans être obligé de parler. Ni même d’en rajouter un peu pour montrer que je ne me sens pas bien. Mon mal être n’est pas assez flagrant ni ostentatoire, alors, je suis obligé de soupirer plus fort que d’habitude. Et de fermer les yeux pour montrer que j’ai envie de partir… Merci docteur, je vais donc rentrer chez moi. Inutile de me dire combien je vous dois puisque c’est déjà payé. 

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