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5 octobre 2016

à l'étude

Étymologiquement, c’est celui qui prend des notes.  Apparemment, c’est quelqu’un d’austère et de coincé. Quelqu’un qui travaille dans un bureau tout de bois revêtu, avec des couleurs sombres et des fenêtres plutôt obstruées pour créer une atmosphère feutrée voir sinistre. En même temps, quand on y va, bien souvent, c’est pour parler de quelqu’un qui est mort. L’ambiance est donc rarement à la fiesta quand on va en visiter un. On n’y fait jamais tourner les serviettes et on n’y danse pas plus. Même si le plancher de son bureau est en parquet massif. 

Il a cette image de quelqu’un qui ne rit pas. Ou peu. Ou quand il se brûle. Sauf que ça, c’est l’image d’Épinal. En réalité, le notaire, puisque c’est de lui dont il s’agit, le notaire d’aujourd’hui est un homme comme les autres. Il se lève chaque matin, il a une vie sociale, une vie familiale, il a des amis, il sort de temps en temps et il aime la vie. Il part en vacances, il pratique un sport, il va au théâtre. Peut-être pas tout ça pour le même homme mais globalement, même d’un point de vue vestimentaire, en 2016, le notaire n’est plus le même qu’avant.

Il est même capable de bien rigoler quand certains clients gaffent ou font dans l’à-peu-près. J’en veux pour preuve cette femme très respectable qui avait émis le souhait de dépouiller son mari volage de tous ses droits dans sa succession. Elle avait demandé à son notaire un projet de testament privant donc son mari de tout droit y compris du jus de fruit. Il est clair qu’il y a deux cas de figure pour le dernier vivant d’un couple : l’usufruit et la nue-propriété. Le coup du « jus de fruit », il faut reconnaître qu’il est joli et presque poétique.

La clause "par préciput et hors part" est une formule qui permet de léguer avant tout partage une partie de ses biens à l’un ou l’autre de ses enfants voire à des tiers sans pouvoir dépasser une certaine fraction que l’on appelle la quotité disponible. Dans son testament, une vieille mère aigrie voulant déshériter son fils un peu volage au profit de sa fille (qui ne l’était pas moins, ce qu’elle ignorait) avait écrit d’une plume assurée : « Je lègue par part et hors pute à ma fille bien aimée. » Quand on ne peut entendre que ce qu’on peut entendre…

Quoiqu’il en soit, moi, cet après-midi, ce n’est pas pour l’ouverture d’un testament que je vais me rendre chez un notaire à Andernos-les-Bains. Ni pour faire trempette. Non, je vais aller signer l’acte de vente définitif de mon ancien appartement. Et donner les clés aux acquéreurs. Et ainsi, la page de ce livre va se tourner sans regret. Quinze ans d’un lieu d’une vie. Suis-je triste ? Pas du tout. Au contraire, ça va me soulager d’un poids. Et ça va me permettre de penser à autre chose. Et avec un peu de chance, nous aurons un ou deux moments drôles, pendant la séance.

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