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10 juillet 2016

la phase finale

Aujourd’hui, c’est dimanche mais cette fois, pas de rose blanche, juste l’envie de se reposer, comme l’a fait le seigneur, au septième, alors qu’il n’avait eu de cesse de travailler, ce que j’ai fait, moi aussi, pendant toute la semaine. Non pas que je me prenne pour une divinité mais quand même, j’ai donné un sacré coup de collier, pendant plusieurs jours et là, soudain, mon corps me demande d’appuyer sur le bouton pause et d’aller voir ailleurs si j’y suis, si l’herbe est plus verte et le temps plus clément. Surtout que ce dimanche va être une journée un peu anormale étant donné que tout s’arrête sauf l’Euro de foot, plus rien d’autre ne va compter. À part peut-être un peu le Tour de France. Et encore, ça, ça reste à prouver car j’en entends déjà qui n’attende que ça, que le match de la finale de ce soir, France/Portugal.  

Si on y regarde de plus près, c’est assez incroyable de voir combien le pays respire le football depuis quelques jours. Tout ça parce qu’on est en finale, ce qui est bien, en soi, il faut le reconnaître et le dire, je suis d’accord mais tout ne s’arrête pas là. Je pense aussi qu’il serait de très mauvais aloi qu’une catastrophe survienne aujourd’hui car ça gâcherait terriblement la fête et les medias ne sauraient plus vraiment comment faire pour parler d’autre chose ou comment faire pour ramener ça au foot. Imaginez un peu : un accident de car gravissime a eu lieu sur l’autoroute A quelque chose, on dénombrerait 12 morts et 29 blessés dont 8 grièvement. L’accident a eu lieu à proximité de St Étienne, non loin du stade Geoffroy Guichard où a été installé un écran géant pour suivre la finale de ce soir…

Imaginez encore : des orages d’une violence encore jamais atteinte ont frappé le sud-est de la France et on déplore une centaine de maisons écroulées, des blessés, quelques disparus et deux morts. Il n’y a plus d’eau potable dans plusieurs départements, plus d’électricité, on se demande comment les rescapés vont pouvoir suivre la finale de ce soir, à la télévision ou à la radio. Ou encore : un père de famille portugais tue ses 4 enfants et son épouse avant de retourner l’arme contre lui. Ça s’est passé à Bellignat, un petit village proche d’Oyonnax, dans l’Ain, à environ 98.20 kilomètres de Mâcon d’où est originaire notre héros de l’Euro, Antoine Griezmann. Un drame épouvantable qui va gâcher la soirée de tout le reste de la famille, supportrice de l’équipe nationale du Portugal. Comment le père n’a-t-il pas pu attendre demain, que le match ait eu lieu ?

Toute la France vit, respire et transpire le football. Dans toutes les émissions de télé ou de radio, on rapproche tout au ballon rond. Une chanteuse ou une actrice célèbre publie des photos de sa grossesse bien avancée et les journalistes n’en peuvent plus de parler de son ventre comme un ballon rond. Sauf que dans ce ventre-là, on ne donne pas de coup de pied même pour un pénalty bien mérité. Les spécialistes de la politique et de la finance font des rapprochements entre ce qui se passe dans certains partis ou dans certaines salles des marchés avec ce qui se passe dans les instances du football et tout est prétexte à revenir à cette finale qui aura lieu dans 13h30, précisément, puisque même à la télé, je suppose qu’on aura droit à un compte à rebours jusqu’à l’heure du coup de sifflet pour le début du match.

Je reconnais que quand quelque chose est important, on a envie de ne parler que de ça. Je suis le premier à être obsédé par mon déménagement depuis quelques semaines et à tout ramener à ça. Je suis également le premier à avoir été (un peu) content qu’on soit en finale de cet Euro 2016 et à avoir été (beaucoup) ému de cette liesse, de cette ferveur, de cette unité nationale apparemment retrouvée (n’en déplaise aux esprits chagrins) mais bon, ça va, quoi, imposer ça à tout le monde, partout, encore et encore et toujours, ça devient insupportable et je frôle l’overdose. Et je me demande comment on va faire ce soir pour éviter le bordel qui aura lieu. Prendre une chambre d’hôtel à l’extérieur de Bordeaux ? Non, s’enfermer à doubles-volets et attendre demain, patiemment.  Qu’on en finisse.

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