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27 octobre 2015

terrassé en automne

Quand on est assis en terrasse, comme moi, là, maintenant, pour prendre un café, si le lieu est fréquenté, bien dans le passage, il en devient quasiment inépuisable d’intérêt. C’est un de mes bonheurs, quand je ne lis pas un bouquin, à la même place, que de prendre le temps d’observer les autres, ceux qui marchent, ceux qui déambulent, ceux qui sont mes collègues assis autour de moi devant qui une bière, qui un thé, qui un soda, qui un café ou qui un quart Perrier.

Les deux, là, par exemple, à ma droite, à ma juste droite. Elle et lui. C’est clair qu’ils sont en contre-jour et qu’ils ne sont qu’amis. Ils ne sont pas ensemble comme un couple peut l’être. Cela ne se peut pas. Je le sais parce que je le sens. Parce qu’ils ont trop de choses à se dire. Ils discutent beaucoup, calmement, discrètement (trop ?), peut-être de tout, peut-être de rien mais ils n’ont vraiment rien d’un couple, non, ils ont juste (mais c’est déjà beaucoup) la complicité de deux amis. De deux meilleurs amis.

Je ne serai pas dans leurs confidences. Je n’entends rien si ce n’est de temps en temps, un timbre de voix, le sien à lui. Pas fort, mais si la ville pousse un soupir, alors, dans le silence qui l’accompagne, j’entends sa voix, à lui. Douce. Et elle, elle est soignée. Les cheveux blonds élégamment mais négligemment attachés en une espèce de roudoudou décontracté. Lui, il porte des lunettes de soleil et son profil me montre comme des favoris. Il a une casquette mais pas une casquette de loulou de banlieue. De toute façon, lui, il a au moins 50 balais et elle, une bonne quarantaine.

On n’en saura pas plus. Non, ils se sont levés et partent ensemble. Ils disparaissent dans le soleil de face, aveuglant, me terrassant devant ma tasse vide et toujours en attente de mon rendez-vous. Je ne les connais pas, je ne sais rien d’eux mais ils me manquent déjà un peu. Parce qu’ils avaient l’air plutôt sympathique. Et ma foi, je sais très bien que je n’aurais jamais pu entamer une discussion avec eux car je ne mange pas de ce pain-là, je ne suis pas assez liant pour ça mais s’ils m’avaient adressé la parole, je leur aurais volontiers répondu. Avec le sourire en prime. Et les yeux plissés par le soleil.

Mon rendez-vous est arrivé peu après et j’ai cessé d’enregistrer toutes ces images de passants qui passent et de toute façon, même ceux que j’aurais pu voir avant l’arrivée de mon meilleur ami, je savais déjà que je les aurais tous oubliés, les autres, ceux qui sont passés et repassés devant moi alors que j’étais seul devant ma petite table avec une seule tasse, vide, une cuiller qui n’avait pas servi et mon petit verre d’eau. Et la note. Deux euros quarante. Deux petits euros et quarante centimes pour un spectacle avec beaucoup de personnages et pas mal de mouvements mais peu de dialogues. Un bon documentaire en projection privée.

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