tous en chasse

Vu que ça semblait compliqué dès le départ, j’ai monté une microstructure d’enquêteurs afin de m’en sortir au mieux. Et j’ai d’autant plus bien fait que ce matin, tout s’est avéré voire empiré. L’entreprise allait être encore plus compliquée que prévu. Nous ne sommes pas au bout de nos peines mais vu que nous sommes plusieurs, j’ai encore l’espoir d’arriver à mes fins. Et d’être récompensé de tant de patience et de détermination. Nous verrons au moment de faire le bilan mais depuis une semaine, j’ai appris, nous avons appris à ne pas baisser les bras.

En gros, déjà, hier, j’ai envoyé le meilleur de l’équipe, moi-même, chez le marchand de journaux de la place Camille Julian, à proximité de chez moi. Je ne les fréquente plus trop car j’achète la presse là où ça me prend, désormais et que bien souvent, j’ai eu des mauvaises surprises avec eux, notamment quand ils oubliaient de remettre leur caisse à zéro et qu’ils me comptaient une deuxième fois le paquet de cigarettes du client précédent. Vu que je prenais cinq ou six mensuels, pour un peu, cinq ou six euros de plus, ça passait comme dans du beurre.

Bref, j’y suis retourné et je ne sais pas s’ils m’ont reconnu où s’ils m’ont oublié mais ils ont fait comme si de rien n’était. Chacun a fait ce qu’il avait à faire : poser une question, pour moi et y répondre, pour eux. Je voulais réserver le numéro 1178 de Charlie Hebdo de ce matin. On m’a dit que ça serait difficile car il y a beaucoup de demandes et que ça serait en fonction de l’ordre des réservations. Tu parles, Charlie, ils ont noté mon nom sur un post-it vierge. Elle était où la liste ? Je suis resté calme. Ils ont eu de la chance que je n’étais pas armé.

Armé de mauvaises intentions. Attention à ne pas me faire dire ce que je n’ai pas dit. Ensuite, j’ai demandé à réserver le Spirou hors-série de vendredi prochain, 16 janvier, un numéro spécial Je suis Charlie sur la liberté d’expression. Là, il semble que je sois le premier sur la liste. Néanmoins, ce matin, à 7h15, je suis allé au tabac-presse de la station Bois Fleuri à Lormont, près de mon travail. Ça devait ouvrir à 7h30. En arrivant, quarante personnes, environ, attendaient devant la grille fermée du magasin. Le temps que 7h30 arrivent, vingt autres personnes étaient derrière moi.

Quand le buraliste a ouvert, il a annoncé qu’il n’avait reçu que 8 Charlie Hebdo. Inutile d’attendre. Je suis reparti avant qu’une très grosse averse ne s’abatte sur moi. J’en ai parlé à mon collègue Audren dont les parents tiennent justement un tabac-presse un peu à la campagne. Il les a appelés. Normalement, je devrais en avoir un demain. Avec celui réservé à Bordeaux, ça m’en fera deux. Je remercie le président d’avoir tenté sa chance pour moi. Et je promets au patron qu’il aura le sien. Je mets toutes mes équipes sur le coup. Et nous sommes nombreux à être Charlie.