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21 décembre 2014

comme une ombre

J’en ai un peu assez de me sentir suivi, épié, inspecté, espionné, pisté, fliqué, observé, décortiqué dans tous mes faits et gestes. J’en ai assez d’avoir l’impression d’être sous l’œil malin d’un détective privé qui ne se cache même plus pour me prendre en filature et se trouver partout où je me trouve. Qui ne prend même plus la peine de faire semblant de ne pas être là. Il est partout. Je le retrouve à chaque coin de l’appartement, très souvent, dès que je lève la tête, dans le tram et que je regarde dehors, quand nous arrivons à une station, c’est lui que je vois à travers la vitre, sur le quai ou sur la rue qui longe les voies. Dès que je me lève le matin, si j’allume la lumière, il est déjà là dans les toilettes, dans la salle de bains et dans la cuisine. C’est pourquoi, quand j’ai besoin d’aller faire pipi, pendant la nuit, je n’allume pas et j’y vais à tâtons et je m’assois sur la cuvette pour ne pas prendre le risque de croiser son regard et ne plus penser qu’à lui quand je vais essayer de me rendormir. Mon sommeil est déjà en déliquescence alors si j’en rajoute dans les choses qui vont le perturber encore plus…

J’en ai assez d’être suivi, dans le viseur de ses yeux parfois inquisiteurs même si souvent comme méprisants, tu parles, le bel indifférent que voilà mais qui n’en pense pas moins. Je me sens filé, guetté, harcelé, pourchassé comme une star par un paparazzo, talonné, traqué et jamais en paix. Je ne peux jamais être totalement seul dès que je suis à la maison. Tout est sous surveillance et même parfois devant mon PC portable, suivant le moment de la journée, mais surtout au petit matin ou plus en soirée. Et quand je vais me coucher, je peux vous assurer qu’il est là, celui qui est en charge de tout noter de ma vie, qu’il est là et qu’il voit bien que j’entre dans le lit, il me voit, le cul à l’air mais heureusement, l’honneur est sauf, en ce moment, j’ai toujours un tee-shirt en haut mais n’empêche ça veut dire que même à ce moment-là, je n’ai aucune intimité. Il ne manquerait plus qu’il fasse des photos de moi quand je me mets sous la couette car ça serait d’un ridicule fini. J’ai toujours des positions étranges quand j’entre dans mon lit.

J’en ai assez d’être suivi, de me sentir fouillé dans ma vie personnelle, d’être exploré, scruté, sondé, perquisitionné, examiné, visité et donc jamais en paix. Hier, en allant au cinéma, par exemple, j’ai remarqué qu’il était là à de nombreuses reprises, dans la rue, celui qui me suit comme mon ombre et c’est à peine s’il prenait celle de ne pas être vu. À travers des vitrines, je le voyais qui marchait en parallèle de moi, franchement, allègrement, avec ostentation comme pour me rappeler qu’il est là, qu’il est toujours là et je ne sais pas comment je pourrais me débarrasser de lui sans que ça ne me nuise à moi car je ne sais pas qui est derrière lui. Des fois, j’imagine que je le supprime mais pourrais-je y survivre ? Qui peut entendra ma question et tenter d’y répondre ? Du coup, je suis obligé de faire avec lui en me disant que le mieux, c’est de l’ignorer, de faire comme si de rien n’était mais ce matin, j’avoue que j’ai eu du mal à résister à le regarder droit dans les yeux. Quand je l’ai vu, encore une fois dans le miroir de la salle de bains, je ne lui ai pas jeté un œil, pas un seul. 

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Commentaires
P
Toi aussi? Car j'ai à me plaindre moi aussi des méfaits de mon détective privé personnel, qui non content de suivre mes traces, se permet de me juger, de critiquer, de m'insulter...
Répondre
L
double, c'est un double ou plutôt une conscience<br /> <br /> aië, aïe, aïe<br /> <br /> est ce qu'elle a l'air mauvaise, cette conscience?
Répondre
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