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22 novembre 2014

Chibrette (1)

Chibrette, non, ce n’est pas le nom d’une chienne ou d’une chatte, c’est le surnom d’une de mes collègues et même ma collègue fille la plus proche de moi, géographiquement. Elle fait partie de la même équipe que moi et parfois, nous pouvons nous remplacer l’un, l’autre mais à la base, nous ne faisons pas le même travail. Chibrette, comme son nom ne l’indique pas, est une petite brune avec de quoi affoler la plupart des mâles de l’entreprise mais moi, vous me connaissez, je suis boulot, boulot et donc, je ne tiens pas compte de ses avantages, je me contente juste de la regarder d’un œil expert et de lui dire « Ça ta va bien, ça » ou encore « Ça, tu pourrais oublier, c’est démodé », ou enfin, « Tu peux aller sur les autoroutes la nuit, avec ça, on ne risque pas de ne pas te voir » et puis c’est tout, rien que des rapports professionnels. Rien de plus.

Chibrette, elle est incroyable et en plus, elle le sait. Elle ne sait pas tenir sa langue, ce qui peut aller bien avec son surnom mais je ne me permettrai aucune allusion salace dans ce blog, on ne sait jamais, si elle venait à tomber dessus, un jour par hasard, en surfant sur Internet à la recherche du site marchand qui lui conviendrait le mieux pour acheter ceci ou acheter cela. Elle est incroyable car elle n’a aucune pudeur, en plus. Elle est capable de parler de tout ce qui touche à sa vie personnelle sans craindre de paraître ridicule ou sans penser une seconde que ça ne nous regarde pas. Et quand on a envie ou besoin de se détendre, il suffit de la brancher et hop, très rapidement, elle nous dit ce qu’on veut et même ce qu’on ne veut pas entendre. Et quand on lui dit qu’elle en a déjà trop dit, elle trouve toujours que si ça reste entre nous, c’est-à-dire entre tous ceux à qui elle le dit, ça va.

Chibrette peut aussi bien nous parler de choses aussi anodines que le rôti de veau au chou-fleur qu’elle a cuisiné la veille que nous raconter comment elle mène sa vie sexuelle avec son compagnon, qui, pas de chance pour lui, travaille aussi dans la même entreprise que la nôtre, mais dans un autre bâtiment, quand même. Il n’empêche que parfois, quand il vient nous dire bonjour et que nous lui serrons la main, il peut nous arriver d’avoir des visions fugaces le concernant et il faut savoir se tenir pour ne pas qu’il se doute jusqu’à quel point nous savons des choses sur elle, sur lui, sur eux. Même si je suis quasiment certain que Chibrette, elle doit lui dire, le soir : Tiens, au fait, j’ai dit à Stéphane et à Audren (c’est mon binôme, je le rappelle à ceux qui ne le sauraient pas ou qui l’auraient oublié) que patati et aussi que patata. » et comme ça, les choses sont claires pour tout le monde.

Chibrette, elle a des problèmes de blocage psychologique de ses intestins. Et nous avons régulièrement droit à ses états de côlon et ses difficultés à aller bien. Nous avons même eu droit à la visite qu’elle a fini par faire à son médecin de famille pour lui expliquer la chose : « Je me suis déshabillée parce qu’il me l’a demandé mais j’aurais préféré pas. Je me suis mise à quatre pattes et il m’a dit non, de me mettre en ciseaux et là, il m’a regardée de près et il a touché et finalement, c’était loin d’être aussi désagréable que ce que je craignais. Je suis donc devenue une femme accomplie. À part entière ! » Je ne sais pas pourquoi mais moi, ça m’a un peu gêné, après avoir pas mal ri de cette anecdote, ça m’a un peu gêné d’en savoir autant sur son intimité glutéale  mais elle, non. Et depuis, elle nous en donne des nouvelles régulièrement. Ce qui nous fait bien plaisir, vraiment.

Mercredi matin, son compagnon est venu chercher les clés de leur voiture car son papa venait de faire une crise cardiaque et il venait d’être emmené aux urgences à Pellegrin. Chibrette a d’abord été secouée, ce qui est normal mais le plus étrange, c’est qu’elle s’est demandé : « Comment je vais rentrer, moi, ce midi ? Et ce soir ? Si ça traîne, là-bas, à l’hôpital ? » Et elle a rapidement appelé son papa pour lui demander de lui expliquer ce qui pourrait se passer pour son beau-père et savoir si c’était aussi grave qu’on le disait et tout et tout. Comme elle n’était sûre de rien, en même temps qu’elle demandait des nouvelles par téléphone à son compagnon, elle surfait sur des sites de ventes de vêtements par correspondance et se cherchait une robe noire avec les chaussures assorties. Et des bottes, en même temps parce qu’il y avait une promo sur les bottes. Ça, c’est du Chibrette tout craché.

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Commentaires
E
Super ! Bonne continuation
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