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13 novembre 2014

être une femme ou devenir femme ?

Hier matin, alors que je chantonnais Une femme avec toi tout en marchant le long de la voie du tram pendant que la nuit s’étirait un peu avant de laisser sa place au jour, compte tenu du ciel noir, des lumières électriques qui brillaient dans un petit matin mouillé, je suis resté dans l’ambiance paillettes et cabaret. Dans l’image de Romain Duris et du travesti qui chantait en play-back sur Nicole Croisille, dans une robe en lamé argent brillant d’autant mille feux que ceux de ses boucles d’oreilles en strass. Mais depuis lundi, jour où j’ai vu Une nouvelle amie, de François Ozon, curieusement, il me revient très souvent l’image d’Anaïs Dumoustier.

Anaïs Demoustier, c’est une actrice que le grand public va peut-être enfin connaître en la découvrant, sublime, dans ce film. C’est la petite femme, celle qui fait penser à la petite sœur, avec un look et un visage d’adolescente et elle est exceptionnelle dans ses regards, dans ses silences, dans son jeu. Autant que Duris, elle illumine le film de François Ozon. Cette histoire, qui pourrait sembler abracadabrante (et quand bien même, on s’en fout, non ?), raconte le chemin pour être une femme. Chez Romain Duris, homme, fasciné par la féminité et qui n’a de cesse que de vouloir s’en imprégner au point de vouloir vivre comme.

Chez Anaïs Demoustier, femme enfant qui fait penser à une jeune femme en cours d’éclosion. Ce qui est fascinant, entre autres, dans ce film, c’est comment le personnage incarné par la petite Demoustier apprend aussi à devenir femme mais pas par les mêmes chemins que celui incarné par Duris. C’est l’homme qui veut vivre comme une femme qui montre la voie à la femme en devenir. Une espèce de jeu du chat et de la souris dans un univers de maquillages, de perruques, de robes, de bijoux et chaussures à hauts talons. Et c’est ça qui m’aura, somme toute, le plus marqué. Comment assumer sa féminité à travers un homme qui assume la sienne ?

Jamais un film n’aura été aussi loin dans la présentation de tous ces genres qui semblent poser problème dans une portion congrue mais virulente de la société actuelle. Des hommes s’habillent en femme en privé, et alors ? Des hommes aiment des hommes et des femmes aiment des femmes, et alors ? D’autres aiment les deux, et alors ? Élever un enfant quand les autres découvrent que vous êtes quelqu’un d’ambigu, et alors ? Vous avez une vie secrète, et alors ? Quand tout ça ne baigne que dans de l’amour et ne nuit pas à autrui, on se demande vraiment où ça coince pour certains. Il nous manque probablement un élément de leur problème. Mais j’en doute.

Quoiqu’il en soit, ce film est d’une élégance rare quand on parle de ce genre de sujets. Jamais on y tombe dans le graveleux, jamais dans la vulgarité ni le ridicule. Et si parfois, on sourit, on rit (même de bon cœur), c’est la situation qui est drôle, jamais les personnages et encore moins Romain Duris qui pourtant, fait travelo bien plus souvent qu’à son tour. Et je dis ça sans aucune méchanceté ni aucune ironie. Alors voilà, pour finir cette réflexion, ça me fait penser à Simone de Beauvoir à qui on doit « On ne naît pas femme, on le devient. » Je trouve qu’elle a tout à fait raison et j’en veux pour preuve que ce film le démontre parfaitement. 

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P
Je souscris à tout ce que tu écris.
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