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12 novembre 2014

la pluie, ma nouvelle amie, fait des paillettes

Il pleuvait fort et très mouillé, ce matin, à 4h30, quand j’ai regardé par la fenêtre pour voir si le premier tram était  bien annoncé en mauvais temps et en bonne heure. Il pleuvait fort et très mouillé et ça m’a fait faire une grimace. Une moue. Mais contre mauvaise fortune et vents et marées, il m’a bien fallu faire bon cœur. Alors, j’ai continué de me préparer et je me suis dit que j’allais faire comme d’habitude. Je suis comme le tram, moi, le matin, je suis sur des rails et je n’en sors pas. Jamais. En plus, je n’avais aucune excuse. Je me sentais enfin mieux mais hier soir, j’ai failli me faire porter pâle tant j’avais de la fièvre. Et là, pour ne pas prendre de risques, vu le mauvais temps, je me suis d’abord plus couvert que d’habitude et je me suis dit que j’allais attendre le tram pour Lormont au lieu de prendre celui de Floirac et d’attendre la correspondance à la Buttinière comme souvent.

Sauf que finalement, il y a eu du retard. Sans doute trop d’humidité. En solidarité avec le Sud Est qui n’en plus d’être gorgé d’eau. Alors, je suis vite descendu pour choper celui de Floirac et je me suis dit que je m’organiserai là-haut et que si ça se trouve, je n’aurai pas beaucoup à attendre dans le froid et cette brouillasse environnante. Mal m’en a pris car tout compte fait, c’était un peu plus d’un quart d’heure à attendre pour ma correspondance. Ne voulant pas emprunter de vélo à cause du mauvais temps, même s’il ne pleuvait plus, arrivé là-haut, j’ai décidé de partir à pieds pour m’avancer. Justement parce qu’il ne pleuvait plus et parce que j’étais aussi bien couvert que le ciel encore noir de tant de nuit encore en cours. Et puis, comme il n’y avait aucun vélo à emprunter… je n’avais pas le choix. Sinon, je n’avais qu’à attendre le bon tram depuis chez moi mais c’était trop tard.

Et en marchant, jusqu’à la deuxième station suivante, je me suis mis à fredonner Une femme avec toi de Nicole Croisille. Sauf que moi, je n’avais rien de glamour même dans ma tête. Et que moi, je n’avais pas de nouvelle amie. Pas comme dans le dernier film de François Ozon, que je suis allé voir lundi et dans lequel je me suis plu. Dans la sensualité duquel je me suis vautré. En allant le voir, je savais que j’allais assister à du spectacle mais pas à ce point-là. Romain Duris y excelle, troublante, émouvante, séduisante, souvent drôle et parfois pathétique. Cet homme qui vient de perdre sa femme, avec un bébé de quelques mois sur les bras, qui renoue avec son plaisir intrinsèque de s’habiller en femme sans être homo, sans sexualiser ce besoin, cette envie. Juste parce qu’il aime tant les femmes qu’il n’a pas trouvé mieux pour être proche d’elles.

Et en marchant, je me suis fait un parallèle entre l’ambiance calme, encore nocturne de cette fin de nuit, humide, fraîche, solitaire, éclairée de quelques réverbères et de rares fenêtres d’appartements dans lesquels on commençait à se lever pour se préparer à une journée de reprise du travail après un week-end peut-être prolongé. Alors que dans le film, tout était si lumineux même quand parfois, l’action se déroulait dans des clairs obscurs, par exemple. Tout était lumineux, des éclairages aux regards même quand ceux-ci étaient embués d’émotion ou de tristesse. Tout était lumineux car tout n’était finalement qu’amour même si des esprits chagrins, réactionnaires et fondamentalistes y trouvent à redire. Tout était lumineux même dans ces méandres du jeu de l’amour et des hasards de qui est qui, qui j’aime, qui aimes-tu, dis-moi qui tu aimes et dis-moi que je t’aime.

Une voiture passe. Des phares derrière moi comme des projecteurs dans mon dos alors que je suis face au public de cette boîte de nuit imaginaire et cette fois, comme je suis dans la lumière, je chante un peu plus fort : Je fréquentais alors, des hommes un peu bizarre, aussi légers que la cendre de leur cigare… sauf que la voiture m’a dépassé, que j’ai perdu les flashes et que je me suis retrouvé non pas dans une robe lamée avec une perruque et des bijoux de star mais dans mon amoncellement de vêtements anti-froid et dans une réalité encore plus fraîche et humide que celle du temps. François Ozon m’a emballé avec son film dont on a assez peu parlé, finalement alors que, encore une fois, ce n’est qu’un grand cri d’amour et de tolérance. Et rien que d’y penser, ça m’a fait oublier ce quotidien nettement moins flamboyant. Contre mauvaise fortune, bon cœur, je vous le dis. Bravo, François.

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Commentaires
S
Oui, superbe le film de F.Ozon, chambouléee pendant, chamboulée après.
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P
Elle ne date pas d'hier cette chanson, je l'adorais...<br /> <br /> Et puis le film dont tu parles me tente bien aussi. Mais, il y en a d'autres qui me tentent aussi, il va falloir choisir....
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