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19 avril 2014

samedi ceint ?

Décidément, la série continue. Cette semaine n’aura franchement pas été de tout repos et même pire que ça puisque je n’ai pas réussi à dormir tout mon saoul chaque nuit. Si encore j’avais refait le monde à chaque fois que j’étais les yeux ouverts dans le noir une heure avant le réveil officiel, celui avec les fanfares, les trompettes de la renommée et les cotillons, les flonflons et les ola, qui ne prennent pas d’S surtout au pluriel, comme c’est singulier ! Je me suis pourtant encouragé en tapant dans mes mains « vas-y mon gars, vas-y mon gars, duerme, duerme, Negrito… » Dans le noir de mes nuits obscures, je m’appelle parfois Negrito parce que, au fond, j’ai quand même un peu de logique même si ce n’est pas systématiquement la même que celle de tout le monde. Oui donc, ce matin, je n’ai pas dérogé (Lanzac) à la règle (ça m’arrive aussi d’obéir à la règle, la règle de trois surtout si elle n’a pas lieu) et ça a commencé par une embauche dans le bazar avec plein, plein, plein de travail pour un samedi de Pâques où j’ai pu constater que les affaires avaient bien repris les choses en main propre. Sinon, ça fait de l’argent sale et il faut alors le blanchir et c’est déjà ce que je fais de mes parties de nuit blanche, je ne peux pas faire ça le jour, en plus. Et qui sait, va savoir si on ne va pas s’imaginer des choses…

Donc, le bazar à tous les étages ! Comme à celui de l’Hôtel de Ville. Pas celui de Talence car c’est une petite mairie, toutes proportions gardées mais le bazar de Lormont. Une plate-forme envahie de tout et de rien, de collègues de la nuit, ces oiseaux pas même de proie, de quelques clients, ceux de la fin de nuit ou du début du jour. Ceux du crépuscule. Ceux d’un crépuscule. Clin d’œil. Et je me suis attelé à ma tâche comme un savon de Marseille qui n’aurait de cesse de tout récurer alors que justement, il n’y en aura pas, de curé, cet après-midi, dans environ deux heures, quand nous passerons devant monsieur le maire de Talence. Non, ce sera un mariage civil dans un état laïc. Comme la loi Taubira le permet depuis un an. Le patron et son promis, le même depuis cinquante ans qui peuvent enfin concrétiser une union qui dure et ça, ça fait plaisir à voir.  N’en déplaise aux cul-bénits. Qu’on ferait mieux d’appeler cul-maudits tant… non, pas de politique un jour de mariage. Surtout après une telle matinée. De labeur acharné. Oui, je suis intéressé, moi, je veux le labeur et l’argent du labeur. C’est pourquoi je m’acharne. Même quand je n’en peux plus ou que je pense que je n’en peux plus comme ce matin. Où j’ai fini par faire comme la reine d’Angleterre : je n’ai pas abdiqué.

Non, je n’ai pas abdiqué car il n’y a aucune raison à cela et si la raison n’a pas de cœur, le cœur a des raisons qui sont à Niort parce que Niort, c’est un peu de là d’où je viens. Je n’ai pas abdiqué et je n’ai pas troqué mon royaume pour un hippocampe. Je me devais de faire les choses qu’on attendait de moi et j’ai rempli ma mission. Dans la meilleure position que j’ai pu prendre. La position de ma mission. La position du missionnaire. Et là, comme ça me barbe de repenser à tout ça, je viens de me raser de près. Je me suis frôlé, je me suis effleuré et je pourrai donc faire bonne figure tout à l’heure pour ce mariage que je vais surveiller de près car dans un peu moins de deux mois, ce sera à moi de m’y coller et quand ce sera mon tour, il ne faudra pas que je me trompe. Surtout que pour moi, il y aura plus de monde que pour le patron. Là, tout à l’heure, nous serons sept avec le maire. Deux mariés, quatre témoins et moi, en tant que témoin, je vais avoir l’œil, je vous le jure. Et s’il faut se rendre à l’évidence, je baisserai peut-être les larmes à l’œil mais discrètement. Les plus grandes émotions sont comme les plus grandes douleurs, elles se doivent d’être ou de rester à la porte du même nom. Je me sens soudain un peu pressé. Entouré d’urgence. Normal, c’est un samedi ceint.

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Commentaires
M
que de responsabilités en cette fin de semaine <br /> <br /> et peut être en plus reporter photographe pour cet événement, <br /> <br /> alors c'était beau et c'était triste?
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P
Tu m'as fait penser à cette chanson que j'avais apprise en cours d'espagnol "Duerme, duerme, Negrito, que tu mama està en el campo" et le vilain "diablo blanco" qui viendra chercher le petit negrito s'il ne veut pas dormir...<br /> <br /> Je te souhaite des moments émouvants et inoubliables.
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