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5 novembre 2013

tramouille

Ce qui est bien quand on s’appelle Stéphane G. et qu’on aime les mots, c’est que de temps en temps, on peut en inventer. Faire des néologismes simples, des néologismes en jeux de mots rigolos ou des néologismes en forme de mots-valises. Les mots-valises, pour ceux qui ne sauraient pas ce dont il s’agit, ce sont des néologismes combinant deux mots pour n’en faire qu’un, comme, par exemple, dans ceux qu’on entend facilement un peu partout : adulescent, pour moi, un adulte encore un peu ado. Comme franglais pour un mélange de français et d’anglais. Comme clavarder, ce que je fais en écrivant comme si je discutais sur mon clavier.

Il y en a que j’ai inventés moi-même : insomnuit, pour insister sur un nuit pendant laquelle on ne dort pas ou on a l’impression qu’on n’a pas dormi. Une pénextraction, quand on sort brutalement d’une pénétration. Un coïtus interruptus, quoi. Et d’autres que je n’ai pas sur le bout de la langue. Mais aujourd’hui, j’en ai inventé un qui me plaît beaucoup et pas seulement pour sa consonance en forme de calembour. J’ai inventé tramouille. Et tramouille, j’ai vérifié sur le dictionnaire, sur Wikipedia et sur Google (je pense que les américains de la NSA vont être surpris quand ils vont chercher à le traduire) et ça n’existe que comme un nom propre.

Ou comme un nom pas propre parce que, franchement, s’appeler Tramouille, ça porte à rire. J’imagine les gamins, à l’école primaire : « Tramouille, grenouille ! » et de glousser comme les petits crétins qu’ils peuvent être. Au collège : « Tramouille, mes couilles ! » et de glousser comme des crétins pubères qu’ils peuvent être. Au lycée : « Tramouille, léchouilles » comme des obsédés du cul qu’ils peuvent être. À la fac de lettres, « Tramouille, Jean Anouilh » comme aurait pu le dire le premier de la classe qui a des lettres mais qui ne fait rire personne d’autre que lui. C’est vrai, ça qui connaît Jean Anouilh de nos jours ? « Jean Anouilh ? Il travaille chez Panzani ? C’est une bonne pâte, alors ! » On voit le genre.

Non, en réalité, il y a même des sites sur la généalogie pour celles et ceux qui ont la chance ou le malheur de s’appeler Tramouille. J’ai même aperçu un lien pour une Vanessa Tramouille et là, je ne sais pas pourquoi, ça me fait penser à une fille légère. Un pseudo d’ancienne danseuse du Crazy Horse reconvertie dans le porno soft. Il y a même un Didier Tramouille. Ça aussi, c’est difficile à porter. En revanche, je n’ai pas trouvé de Stéphane Tramouille. Mon honneur est donc sauf. Je suis sauf et sain d’esprit de ce côté-là.

Il n’empêche que je revendique la paternité du nom commun mot-valise : tramouille. C’est ce que j’ai vécu, ce matin, à 5h20, quand le tram a décidé de ne pas poursuivre son chemin vers la Gardette et m’a planté là, sur le quai de Thiers Benauge, tout seul voyageur que j’étais, comme un pauvre type sous la pluie, sous son parapluie et avec une putain d’envie de retourner se coucher. Le tram et la pluie, la pluie qui mouille, il ne m’en fallait pas plus pour inventer tramouille. Le transport en commun pour les jours d’averses. Pas mal, non ?

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