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30 juillet 2013

exotic boy

Non, mais c’est insensé. Je vais vous en raconter une, vous n’allez pas me croire. Figurez-vous que j’étais dans une soirée organisée par le Laillonnes Club et j’ai été fort intriguée par un jeune homme… un jeune homme ? Que dis-je ? Suis-je sotte ! Par un homme qui pouvait faire penser à un jeune homme, il avait des cheveux blancs et de près, quelques marques qui démontraient bien qu’on n’avait pas affaire à un adolescent ou à un jeune de banlieue, comme ça doit encore exister mais je n’en suis pas vraiment sûre, je ne voyage jamais moins loin que les Seychelles ou les Caraïbes.

Or donc, cet homme m’intrigua et je m’approchai de lui afin de voir s’il avait un peu d’éducation. Normalement, il aurait dû me baiser la main mais il n’en fit rien, il se contenta de me saluer de la tête, c’est d’un commun ! Fort déçue, je m’apprêtai à lui tourner le dos ne lui laissant voir que le fermoir en diamant de mon collier d’émeraudes quand Marie-Pauline vint me prendre par le bras et me présenta à ce manant que je comptais pourtant oublier illico. Elle me confia, devant lui, qu’il était un ami d’un ami d’un autre ami de son cousin et donc, c’était sa première soirée et comme il était parrainé, il ne fallait pas le laisser de côté.

Alors, je l’ai regardé de face et quand nous nous sommes retrouvés seuls, en tête-à-tête, je ne sais si ce fut l’effet de me trouver avec un inconnu pas vraiment de mon monde cumulé à celui de cette huitième coupe de champagne mais lorsque je fis tomber ma cuiller de caviar, il s’empressa de la ramasser pour la rapporter sur le buffet et me proposa une serviette pour m’enlever les quelques grains qui étaient tombés sur ma robe fourreau. Je l’ai laissé faire, il a compris et s’est empressé de me rendre ce service qui m’a rendue toute chose.

Ensuite, nous avons parlé, tous les deux, assis sur le canapé près de la grande baie vitrée centrale et je dois avouer que je suis tombée sous le charme. Il y a longtemps que je n’avais frémi de la sorte. Pas depuis François-Henri, il y a quelques années de cela mais celui-ci avait un air tellement plus exotique ! Rendez-vous compte, il a un travail et il s’y rend volontairement chaque matin, cinq jours sur sept, avant même que le soleil ne se lève et il quitte son emploi quand moi, je me lève. Nous sommes faits pour nous croiser, croyez-moi. Si on ne peut pas s’abandonner au hasard, à qui se fier, alors ?

Il conduit lui-même une voiture. Oh, bien sûr, ce n’est pas une belle voiture, ce n’est qu’une espèce de véhicule… vous savez, ces véhicules… utilitaires, voilà, des voitures pour transporter de la marchandise. Ce n’est pas pour aller au Casino, non, évidemment. Il ne part en vacances que quelques semaines par an, il a un quota d’heures à respecter alors que moi, j’ai un gotha à visiter. Il a un petit appartement au centre de Bordeaux mais n’a même pas de parc, ni de grand bassin avec des jets d’eau. Et encore moins de personnel à son service.

Mais le comble, pour moi, le comble, c’est que cet étrange petit homme était abonné à l’Opéra de Bordeaux et je ne l’y ai jamais croisé car je n’y vais plus depuis une bonne dizaine d’années, depuis que je ne vais plus que dans les grands festivals comme Salzbourg et Bayreuth. Mais pour en revenir à mon soupirant d’un soir, quand je pense que même les gens du peuple peuvent aimer la grande musique, j’en suis restée coite. Je ne sais si nous nous reverrons mais j’avoue qu’imaginer une prochaine rencontre, au bar du Grand Hôtel, un soir, ça me rend toute chose. Je ne sais pas expliquer exactement pourquoi. Je le trouve tellement exotique.

Depuis que je l’ai rencontré, j’ai pensé plusieurs fois à lui et tiens, hier soir, chez les Boujin-Fartot, cette chère Christine avait invité son amant et je me suis mise à sourire en pensant que j’aurais pu inviter ce petit bonhomme qui ne manque pas d’une certaine intelligence, ce qui prouve qu’on peut même en avoir quand on vient d’un milieu modeste. Et moi aussi, je lui aurais souri en n’écoutant plus les autres et mon cœur aurait battu la chamade quand il m’aurait fait du pied sous la table. Mais non, je ne puis. Je ne veux plus d’histoire avec la justice. J’ai déjà assez donné comme ça.

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Commentaires
L
rencontre savoureuse, alors la suite?<br /> <br /> chutt! elle ne doit pas pouvoir être racontée au sus de tous,<br /> <br /> dommage
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