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13 juillet 2013

madame Olbaz

Jamais je ne me permettrai de l’appeler par son petit nom car son petit nom, c’est Ginette et là, désolé, mais ça n’est pas possible pour moi. Ginette, c’est tellement associé à quelque chose de désuet voire de ringard que je ne peux m’y résoudre. Surtout pas madame Olbaz. Si encore ça avait été une autre copropriétaire ou une autre locataire qu’elle mais là, non, madame Olbaz, elle est toujours bien mise, elle ne fait pas spécialement branchée mais elle est impeccable et elle est une véritable citadine. Une dame bien sous tous rapports, très fréquentable et de bon goût. Je parle de son apparence car je n’y ai bien sûr jamais mis une seule papille.

Madame Olbaz, je crois qu’elle m’aime bien. Peut-être parce que je suis plus jeune qu’elle et parce que, depuis quelques années, je vais assez régulièrement voir et écouter des opéras et l’opéra, chez elle, c’est une passion dévorante. C’est une spécialiste de la chose. Une gourmande du livret et une goulue des tessitures et une amoureuse transie de Jonas Kaufmann. Ce qui prouve bien qu’elle a très bon goût. Je pense même qu’entre Jonas et moi, son choix est définitivement fait. C’est et ce sera Jonas quoiqu’il arrive. Je ne sais pas ce qu’il a de plus que moi à part sa belle gueule, sa superbe voix de ténor dramatique et son charisme.

Peut-être que madame Olbaz, finalement, elle les préfère encore plus jeunes que moi. Plus jeune que moi, c’est donc possible. Mais comment se fait-ce ? On m’a caché ça pendant tant d’années que je sens que je vais avoir beaucoup de mal à m’en remettre. Ce sera très long mais je m’en remettrai. Et tant pis pour madame Olbaz, nous ne sommes donc destinés qu’à nous croiser à d’éventuelles représentations (il faut qu’elles soient exceptionnelles, pour elle, sinon, elle ne vient pas ou alors, elle va carrément exprès à Londres ou à Berlin mais Bordeaux, pour elle, c’est de moins en moins…)

Ou encore, nous croiser à l’occasion de pots de nouvel an, dans l’immeuble, d’improbables fêtes des voisins ou du prochain éventuel enterrement d’un(e) résident(e) de cette copropriété ma foi bien vieillissante, donc, ça va bien tomber un de ces quatre mais s’il vous plaît, mon Dieu, si vous existez, faites que ce ne soit pas madame Olbaz, pas encore, c’est une de mes préférées, ici. Ou enfin, nous croiser dans le hall, en sortant de l’ascenseur ou en voulant y pénétrer. Et moi, je la salue toujours d’un « bonjour madame Olbaz » et elle, toujours d’un « bonjour, Stéphane. » Elle est plus vieille que moi, elle peut m’appeler par mon prénom, elle. D’autant qu’il n’est pas ringard, le mien.

Et donc, hier, je sortais de l’ascenseur avec mon caddie pour aller à Auchan et elle rentrait chez elle, attendant pour cela que je sorte de la cabine et en me voyant, a-t-elle mal vu ou commence-t-elle à avoir quelques problèmes de sénilité, en tout cas, elle m’a souhaité de bonnes vacances. Pas vraiment, je lui ai répondu sans lui préciser que ce n’était pas une valise mais un caddie pour les commissions. Parce que partir en vacances avec ses courses, c’est peut-être original, en soi mais ça n’est pas du tout pratique ni très malin. Je lui pardonne parce que je l’aime bien, madame Olbaz.

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