la valise diplomatique

Ou comment faire une surprise au président ? 

C’est à Florence que le président a repéré un porte-documents en cuir noir, très beau, avec une piqûre sellier, tout noir, de très haute qualité comme savent bien le faire les italiens qui sont très doués de leurs mains. Le produit était dans la vitrine d’un magasin, en solde mais encore assez cher et le président a dit que c’était bien trop onéreux en temps de crise pour faire un achat aussi dispendieux et que donc, cette idée n’était pas aussi bonne que ça. Mais moi, quand la personne à qui s’est destiné me donne une idée de cadeau, autant vous dire que ça ne tombe pas dans l’oreille d’un aveugle. 

Sitôt dit, sitôt fait, voilà-t-il pas que nous laissons le président devant un magasin de sacs à main, une maroquinerie, oui, comme on en voit beaucoup en Italie et surtout à Florence. Et je ne sais pas comment nous nous y sommes pris mais il ne m’a pas vu en sortir, en courant et je suis allé au trot jusqu’au magasin précédent, à deux ou trois cents mètres et je l’ai pénétré, un peu haletant, en allant directement chercher le dit-objet dans la vitrine pour l’apporter à la caisse et dire :  

« Scusa mi, no parlo italiano, please, could you make me a beautiful pack it is for a present and sorry but I am in a hurry and I would like to pay now, I only have five minutes and thank you very much y grazie mille. » Excusez-moi de vous demander pardon mais je ne parle pas italien et s’il vous plaît, pourriez-vous me faire un joli paquet cadeau, c’est pour offrir et désolé mais je suis super pressé, je voudrais vous payer tout de suite car je n’ai que cinq minutes et merci beaucoup et merci bien t’as intérêt à te magner le cul sinon, je me barre en cassant tout parce que je suis à peine énervé. Merci. 

La fille a dû avoir peur de moi, elle a fait le paquet cadeau et j’ai payé et je suis parti et le patron qui m’avait rejoint et moi, nous avons retrouvé le président toujours planté devant sa boutique, à nous attendre patiemment et nous avons dit que nous avions trouvé, surtout le patron et tutti chianti. Le plus drôle, c’est que pour des raisons de praticité et de place dans les valises, c’est nous qui avons gardé le cadeau du président dans notre chambre, puis, dans sa valise, pour le retour et il a donc porté son propre cadeau. 

De retour à Bordeaux, je suis allé rendre des affaires au patron car il avait trop de poids pour la soute et le président avait encore de la place dans sa valise diplomatique. Donc, non seulement il avait porté son cadeau, je l’ai rendu à l’un des deux qui l’avait acheté et ce n’est que samedi dernier, pour l’anniversaire présidentiel, que nous lui avons offert. Ça l’a bien fait rire quand il a reconnu le paquet. Et nous aussi. Comme quoi, la surprise, c’est aussi dans l’art et la manière de le faire, le cadeau. Et de le faire porter par son destinataire. Il n’y a pas de raison. 

Comments

[patron]

un cadeau venant du cellier à qui c'est destiné? au président, sans faute s'est vrai.

comprenne qui pourra.