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12 juin 2013

les aiguilleurs du fiel

Évidemment, on a cru que ça existait encore, les grèves en France. Surtout depuis la crise, on pensait que ça avait disparu. Évidemment, on s’est fait une petite frayeur lundi soir et mardi matin mais évidemment, on a dû rêver car tout s’est bien passé. Comme sur des roulettes. Comme sur un train d’atterrissage. Comme un avion avec elle. Car elle était là, Ingrid et elle a dû nous porter chance comme une fée bienveillante. Mais on ne le savait pas car les fées, gentilles ou méchantes, elles sont autour de nous sans qu’on le sache vraiment. Sauf quand elles l’ont décidé. Et hier, ça s’est produit. C’te chance ! 

Déjà, ça avait mal commencé, la fin du voyage. On est arrivé à Ostia et on ne peut pas dire que c’était très agréable, l’endroit, l’ambiance et le côté déserté comme une station balnéaire un peu déconfite après une guerre. Un peu déconflite, en gros. Bref, hormis quelques magasins ouverts mais rien de bien excitant, deux ou trois bars et restaurants pas forcément engageants et la préparation du 110ème anniversaire de Harley Davidson en Europe à Rome. Enfin non, à Ostie, plus précisément. Oui, exactement là où nous étions. Et déjà, nous avions croisé des bikers du même genre à Porto Santo Stefano et franchement, on n’était pas trop client de ça.  

Je ne sais pas pourquoi mais souvent, les bikers, il leur manque quelque chose ou ils ont quelque chose en trop. Ils sont différents, quoi. Et on sent qu’on n’est pas vraiment du même monde. Même les deux qu’on a vu descendre dans le hall de l’hôtel avec leur trottinette à la main (un comble pour un biker ! Dommage, j’ai raté la photo…) enfin bon quoi, tout ça ajouté au fait que l’hôtel, franchement, quelle déconvenue, on s’attendait à un truc tellement bien, tellement grandiose, tellement propre. En réalité, c’était comme la plage devant nous : terne et gris. Voire sale.

 Pour en revenir à nos oignons : lundi soir, comme on savait qu’il y avait peut-être la dernière grève française avant la suivante, on a voulu voir sur Internet, à l’hôtel, s’il y avait des informations concernant notre vol du lendemain midi. À 13h05 environ, pour être très précis. Il semblait que celui-ci était maintenu mais encore fallait-il en être sûr jusqu’au moment du départ. Mardi matin, nous avons retenté notre chance. Le vol était toujours annoncé. Branle-bas de combat et voilà-t-y pas qu’on part la fleur au fusil, les sacs sur les épaules, les valises à la main et une grosse envie de ne pas être prisonnier de cette grève des aiguilleurs du fiel. Ben oui, du fiel. Pourquoi pas, hein ? 

À l’enregistrement des bagages, on a vu des américains refoulés car leur vol pour Paris était annulé. Les pauvres. On n’a pas été concerné, on a eu notre embarquement, notre vol, notre décollage et même notre atterrissage, sans oublier notre récupérage de bagages, le tout presque dans les temps, à quinze minutes près. Et avec la surprise, en montant dans l’avion, en queue, comme je déteste, après avoir dit bonjour à l’hôtesse, sans l’avoir remarquée particulièrement, de m’entendre répondre « bonjour » sur un ton appuyé qui ne demandait qu’une réponse appropriée. Ce que je me suis empressé de faire. 

« Ah bonjour ! » ai-je donc répondu tout en me demandant « pourquoi moi ? » J’ai pensé qu’elle ne m’avait pas entendu, je n’ai pas la voix qui porte. Et là, subitement, j’ai eu la révélation : « Bonjour, comment tu vas ? » « Bien et toi ? Qu’est-ce que tu fais là ? » Je n’allais pas demander « et toi » à une hôtesse de l’air qui accueille des passagers mais ça m’a démangé de le faire. Non, je lui ai simplement répondu que je rentrais sur Bordeaux, qu’on rentrait sur Bordeaux après quinze jours en Toscane. « Vous avez de la chance, ce n’était pas gagné avec les aiguilleurs du fiel… » Oui, nous avions de la chance. Et cette surprise de la rencontrer là, Ingrid, fut encore plus amusante à voir la tête de Jean-Jacques et de Jean-Marie. 

Bien sûr, eux, ils n’ont pas vu que c’était une bonne fée. Je leur ai dit, après les avoir vus interloqués de m’avoir vu faire la bise à l’hôtesse : « C’est la femme de Frank, du bureau ! » Ils lui ont fait la bise et tout le monde s’est complimenté d’un tel hasard et d’une telle chance d’avoir l’avion, à l’heure, en plus et nous sommes partis. Sans traitement de faveur, on n’est pas comme ça, non. Mais bon, je me suis envoyé en l’air avec la femme de Frank, quand je lui dirai ça, demain matin, ça va nous faire rire. Il sait que je ne couche pas dans le cadre de mon travail. Enfin voilà, quoi ! Tout d’un coup, j’ai oublié les bikers qui font peur, les plages tristes, les bâtiments comme désertés d’Ostia, l’hôtel et son mauvais petit déjeuner et mes angoisses pour rentrer. Comment ça, une grève des aiguilleurs du ciel ? Vous êtes sûr ?

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Commentaires
L
INGRID, un angelo de Guardi, un ange gardien en petit français.
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