S. D. F.

Ça peut arriver à tout le monde et comme dans la chanson de Barbara, « ça ne prévient pas, ça arrive, ça vient de loin… » et justement, ça m’est arrivé sans que ça ne me prévienne et je me suis retrouvé dans cette situation ma foi, plus que désagréable. On n’y pense pas tant que ça n’arrive pas mais je le jour où ça arrive, on est un peu pris de court, on se désempare et on est obligé, d’abord de faire sans puis ensuite, de faire avec. Et de prendre les choses à bras le corps et ne plus avoir peur d’affronter le reste du monde. Mettre sa fierté dans sa poche avec un mouchoir par-dessus mais sans oublier d’y avoir fait un nœud, au mouchoir, pour ne jamais oublier d’où on vient. Comme un devoir de mémoire. Bon d’accord, j’exagère un peu mais vous me connaissez, parfois, un peu mais jamais bien loin. 

Et depuis deux jours, ça a recommencé. Comme il y a plusieurs mois, comme il y a un an et demi et comme il y a plusieurs années. Et je me souviens d’ailleurs fort bien de la première fois où je me suis retrouvé S.D.F., c’était l’année où j’ai perdu mon dernier emploi. Non pas que je ne travaille plus depuis, bien au contraire, mon je parle d’un vrai métier et en plus, un métier et un environnement professionnel enthousiasmants. C’était en 2003. Tiens, ça fait dix ans cette année. Et presque mois pour moi et encore plus presque jour pour jour. Mais j’ai encore dévié de mon lit, comme l’Yonne, la Seine et l’Ouche. Enfin bref, je me souviens bien d’il y a dix ans où je me suis retrouvé à faire l’aumône d’un peu d’eau. Et d’un peu savon et heureusement, que j’avais alors trouvé mon auvergnat. 

Et en 2012, et il y a quelques mois et encore cette année, depuis vendredi. Et ça, jusqu’à demain matin. Et normalement, il paraît que c’est la dernière fois. Que dorénavant, je n’aurai plus de problème. Plus ce genre de problème. J’en aurai peut-être d’un autre genre mais je ne serai plus ce S.D.F.-ci. Parce que, encore hier après-midi, il fallait me voir prendre les rues avec mon petit sac sur le dos pour aller quémander un peu d’eau et de savon. Et ce matin, je me suis permis de demander à monsieur Cabirol si je pouvais utiliser sa salle d’eau. Pendant que les derniers travaux de la mienne étaient en phase finale de séchage, m’empêchant de me laver comme j’aime. Et je suis allé prendre ma douche chez lui. En toute discrétion. Toujours avec mon petit sac sur l’épaule, en lui livrant ses pommes et son artichaut du marché. Et là, je me suis senti enfin digne pour un dimanche. Jusqu’à demain matin, je suis et je reste un Sans Douche Fixe. Et demain, je retrouverai une vie normale. 

Comments

[lotegne]

effeuillé comme un archi chaud sous la douche de cabriole...c'est fou