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24 avril 2013

le tram de l'horreur

Mieux qu’un film d’épouvante ou un scénario catastrophe, cet après-midi, sur le chemin du retour à la maison, après une bonne matinée de travail (normalement, le mercredi matin, pour moi, c’est la plus petite journée de la semaine mais aujourd’hui, j’ai eu pas mal de choses à faire, contrairement aux bonnes (ou mauvaises habitudes)) et j’étais en train de lire dans le tram, tranquillement assis à côté d’un jeune plutôt calme, mon sac avec ma barquette de crêpes aux St Jacques et mon sachet de chutes de saumon à mes pieds. Et j’avais vaguement conscience de la présence de beaucoup de monde mais bon, le livre que j’avais dans les mains est tellement bien que j’oubliais un peu tout ça. 

« Maman le laisse entrer en lui lançant un regard profond droit dans les yeux. Elle se déplace, en complète harmonie avec le silence du matin, qui s’ajoute aux différentes épaisseurs de son attitude de retrait. Pour son fils, elle est comme un blanc dans une page… » quand soudain, d’abord la stupeur de quelque chose d’inhabituel puis carrément l’horreur vient de s’installer dans le tram qui vient de quitter une station, je ne sais pas laquelle. D’abord, on croit entendre des femmes qui s’engueulent soit pour rire, soit pour de vrai. Et rapidement, on comprend que ce n’est pas pour rire.

Et même pire que ça, ce sont carrément des cris, des hurlements de femelle à qui on aurait enlevé ses petits et je ne suis pas loin de la vérité, sans le savoir. Et non seulement on entend ces braillements de quelqu’un qu’on égorgerait mais aussi, on devine du mouvement, dans le milieu de la rame. Et une femme, qui gueule comme une sirène de pompiers « moussieu ! » « moussieu ! » « moussieu ! » et si nous comprenons bien, elle doit vouloir appeler le wattman en voulant dire « monsieur ! » « monsieur ! » « monsieur ! » mais elle ne fait aucun effort d’articulation pour qu’on la comprenne. 

Elle court comme une gazelle un peu lourdingue et elle va cogner de toutes ses forces dans la vitre qui sépare le traminot des voyageurs sauf qu’au même moment, un passager tire le signal d’alarme. Le tram s’arrête même pas à une station, comme ça, au bon vouloir d’une passagère qui fait sa crise. Et là, on comprend, dans un français baragouiné que son bébé est resté coincé dans la porte du tram à la station précédente. Coincé dans la porte ? Il a voyagé à moitié dehors et à moitié dedans ? Si petit bébé et déjà resquilleur inconscient ? Franchement, y a plus de mômes, c’est moi qui vous le dis. 

Autour de nous, ce ne sont que des cris d’effroi pour ceux qui imaginent le bébé et sa poussette complètement défigurés par ce qui vient de se passer et franchement, pour la poussette, ça va être compliqué de la revendre même sur Au bon coin… Enfin bon, ce ne sont pas nos oignons. D’autres crient leur colère devant un wattman qui a refermé les portes sans se rendre compte que le bébé était coincé dedans alors qu’il a une caméra panoramique lui permettant de s’assurer que ce  genre de choses n’arrive pas.   

Finalement, il y a toujours un moment où la vérité éclate et où les trucages gore sont trop flagrants pour être pris au sérieux, non, la dame est simplement montée avant son enfant dans le tram et elle a mal ou pas tiré la poussette à elle au moment de la sonnerie pour la fermeture des portes. Son bébé est donc particulièrement galant de laisser passer sa mère mais il est également aussi un peu con car la sonnerie annonçant la fermeture des portes, ce n’est pas pour les chiens ! Justement, une vieille dame raconte, assez près de moi, que ça a failli lui arriver avec son chien. Et tout le wagon y va de son anecdote. 

Et moi, j’ai du mal à continuer de lire. L’ambiance est insupportable. Le tram repart au bout de plusieurs minutes et le wattman annonce « pour la dame qui est concernée ( !!! ) nous arrivons en station de Galin et un tram vous attend sur l’autre quai pour aller récupérer votre... heu… votre bébé. » Beaucoup de gens sont consternés, moi, je m’écris « quel cirque ! » et je n’en dis pas plus mais je n’en pense pas moins car je suis un peu crevé, j’ai faim et il est déjà 14 heures et c’est pas tout, mais moi, j’ai encore plein de choses à faire. 

Sauf que je n’allais pas en ajouter des tonnes, déjà que la mère indigne qui a voulu abandonner son mioche a voulu nous faire croire que c’était la faute du tram, imaginez si je m’y étais mis. Malgré ma capacité à savoir tempérer même les plus mauvais esprits, je pense que là, j’étais vraiment tombé sur un cas d’école. Elle avait des outrances d’actrice almodovarienne, le talent en moins. Enfin, une chose est sûre, elle est descendue à Galin et elle est restée sur le quai, soutenue par des usagers compatissants, toujours en hurlant comme une pleureuse. Et nous sommes repartis vers chez moi. J’ai pu reprendre le fil de ma lecture : « Roy émet un grognement de surprise, alors que Nathan l’aide à le pénétrer, et tout s’achève dans une violence laborieuse et âpre. »…

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