Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
C'est écrit
3 avril 2013

en langage comptable

Ce matin, alors que j'étais en train de faire mes contrôles de la nuit, et ce depuis une grosse heure (ou éventuellement, deux petites heures), les autres commençaient à arriver, les uns après les autres et il y a un moment où on ne peut pas critiquer mais quand même, tu es là, en train de bosser, tu dois avoir un minimum de concentration et c'est un défilé de collègues, toutes les cinq minutes, qui viennent te dire bonjour. Qui en te serrant la main, qui en te faisant la bise voire deux. 

Et bien sûr, tu ne peux pas leur reprocher, de venir te dire bonjour et, accessoirement, te demander si tu vas bien mais là, tu es obligé de leur répondre, au mieux "ça va, merci", au pire "bien et toi ?". Je dis "au pire" car là, tu ouvres une porte à un dialogue qui va te faire perdre le fil de tes contrôles et ensuite, c'est là où toi-même, tu deviens quelqu'un qu'il faudrait alors peut-être contrôler à son tour. Le contrôleur contrôlé, quoi.
 
Enfin bref (c'est amusant, je le dis souvent, ça, "enfin bref" - comme si j'avais l'habitude de me perdre dans les méandres de ma pensée ou de me noyer dans des détails digressifs), ce matin, ça n'a pas dérogé à la règle et j'ai eu mon lot de visiteurs à toute heure et je n'arrêtais pas de pointer quelques lignes sur les bons de livraison, lâcher mon stylo rouge pour tendre la main ou conserver mon stylo rouge mais me mettre en tension cervicale vers la droite pour tendre la première joue qui voulait bien se présenter aux lèvres qui demandaient une bise protocolaire plus qu'affectueuse.  

Et ma petite collègue du bureau vitré d'à-côté, qui était en train de nous parler dans le vide, à Audren et à moi, vu que nous n'écoutions pas vraiment, parlait plus ou moins de sa mauvaise nuit parce que son fils, de moins de 6 mois, et patin, et couffin et patati et patata. Ben moi aussi, j'ai mal dormi et je me suis levé fatigué, à reculons, mais j'en parle pas aux autres, franchement, bon, j'en étais où, ah oui, trois coffres de saumon pour un poids de...
 
Et voilà une autre collègue, de l'autre bâtiment, qui arrive et comme elle se gare à côté de chez nous, elle vient gentiment dire bonjour. D'autant plus qu'elle rentre de congé maternité, que la compta, où elle travaille, nous a rejoints ici que depuis deux mois et donc, comme elle ne connaissait pas les locaux, elle a certainement besoin de venir pour se faire connaître, connaître les autres et dire qu'elle est revenue, comme le temps du muguet.
 
Et avec ma collègue du bureau vitré d'à-côté, elles papotent toutes les deux de leur bébé respectif et même en ne voulant ni entendre, ni écouter, j'ai quand même capté des histoires de maladie, de fièvre et je vous en passe et pas des moindres. Et celle de la compta, en plus, elle est... comment dire pour ne pas donner l'impression de se moquer de son physique... elle est factuellement un peu plus que forte. Il n'y a aucun jugement, aucune ironie dans mes propos, c'est juste un constat d'une objectivité rare. Elle doit faire un petit 62, trois fois rien, quoi. En tout cas, là n’est pas le propos.
 
Et elle se penche vers moi, je conserve mon stylo dans la main, je fais un quart de tour vers la droite et je tends mon cou vers le haut pendant qu'elle se baisse vers ma joue, un peu comme au cinéma, quand certaines scènes sont au ralenti, parce qu'en même temps qu'elle a commencé à se pencher vers moi, elle continuait à papoter maladie de bébé avec mon autre collègue. Et au moment fatidique où ses lèvres ont touché ma joue, elle m'a dit : "diarrhée !" ou peut-être "diarrhée..." mais je n'ai pas su déceler si c'était avec un point d'interrogation ou des points de suspension. 

Elle m'en a claqué deux, tout en ne faisant pas plus attention à moi que ça, vu qu'elle était hyper concentrée sur les soucis gastro-intestinaux de son rejeton et elle est partie dans les autres bureaux, tout en continuant de parler selles molles avec mon autre collègue qui la suivait pour ne pas couper la discussion en plein milieu d'une phrase, on ne sait jamais, un truc important qui passerait à la trappe. En tout cas, moi, heureusement que j'avais peu ou prou compris de quoi elle parlait, sinon, en me disant "diarrhée" tout en me faisant la bise, j'aurais pu croire qu'elle me disait bonjour en langage comptable et là, j'avoue que je ne parle pas cette langue-ci. 

Publicité
Publicité
Commentaires
E
décidément dans votre entourage on s'inquiète beaucoup de savoir comment "vous y allez", moi je trouve que ce genre de question est un peu indélicat à notre époque.
Répondre
C'est écrit
Publicité
Newsletter
Visiteurs
Depuis la création 199 342
Archives
C'est écrit
Publicité