on ira tous au paradis fiscal

Je l’ai appris au journal télévisé d’hier soir, la France est bel et bien la championne du monde de la taxation du capital. J’ai tout de suite eu envie de crier cocorico mais quand j’ai compris ce que ça voulait vraiment dire, j’ai eu honte de moi et honte de ce titre assez peu honorifique, il faut bien le reconnaître et pas seulement quand on est riche, ce qui n’est pas mon cas. Parce que moi, autant vous dire qu’y a pas intérêt à ce qu’on m’impose sur un capital que je n’ai pas sinon, je m’évade, au nom du père et au nom du Fisc.  

De toute façon, la question ne se pose pas directement pour moi, je suis un presque gagne-petit, un mec moyen de la classe moyenne, évidemment taxé au maximum de sa catégorie car je n’ai droit à rien, à aucun avantage social ni fiscal. Je ne suis pas marié, je n’ai pas d’enfant, je ne suis pas en situation critique et j’ai un travail, je suis presque totalement propriétaire de mon logement et puis voilà, quoi. Et avec ça ? Ben, ce sera tout pour aujourd’hui, ma bonne dame.  

Non, en réalité, si je m’en sors… euh, comment dire… si je m’en sors correctement, sans plus, c’est parce que je suis très vigilant sur plein de choses, de petits détails, de petits ruisseaux qui ont fini par faire des grandes rivières et pas de diamants, c’est moi qui vous le dis. Déjà, j’ai pris l’habitude de toujours payer mes impôts sur le revenu rubis sur l’ongle (ce sont des faux rubis et je me rogne la peau autour des ongles, alors comme signes extérieurs de richesse, il y a mieux, je trouve.)

Déjà, à moi, me faire payer des impôts sur le revenu alors que je ne suis jamais parti !, ça me semble d’une incohérence technocrate crasse. Ou alors, quand j’ai failli partir en Allemagne, au début de 1982, par amour, on a peut-être cru que j’étais effectivement parti et donc, revenu, entre temps. Sauf que je ne me suis jamais exilé là-bas et pourtant, parfois, je me dis que j’aurais pu et j’aurais dû, peut-être que je gagnerais plus, aujourd’hui. Mais pas de regret. Tout va très bien, madame la marquise. 

Donc, pour en revenir à mes attentions vis-à-vis du Fisc : je n’achète jamais de petit-suisse ; je n’écoute jamais Radio Luxembourg ; je ne bois jamais de monaco (j’aime pas spécialement la bière) ; je ne porte aucun pull en jersey ; il y a des années que je ne fais plus « philippines » depuis des années quand je mange l’os du bréchet du poulet (mon père faisait ça avec moi quand j’étais petit) ; je ne suis ni blond ni Brunei, non, je suis grisonnant pour ne pas dire que je blanchis (et pas de l’argent sale, non, non) et là, je dois avouer que je sèche pour continuer ma liste. Alors, si avec tout ça, je suis pas un contribuable modèle, que suis-je donc ?

Comments

[monjany]

et la richesse intérieure celle là tu n'en parles pas et combien de fois fais tu de l'évasion mentale, il y a un cheik en toi.